Question : S’il est interdit d’interpréter le mot Yad par Qouwwah, Qoudrah ou autre, alors pourquoi ces compagnons et Tabiîn les ont interprétés de cette manière ?
1. Selon le Hadith noté dans le chapitre du Tafsir, Ibn Abbas a dit que Yad signifie Qouwwah, c’est-à-dire la Puissance et non la Main comme le traduisent les Wahhabites. (Sahih Al-Boukhari, Hadith 4807, page 578)
2. Le Hadith se trouvant également dans le chapitre du Tafsir selon lequel Ibn Djoubayr dit : « Yad signifie Qouwwah », c’est-à-dire la Puissance. (Sahih Al-Boukhari, Hadith 4534, page 531)
3. Le Hadith de Soufyan Ibn Ouyayna selon lequel il dit que le mot Yad signifie Ni’mah. (Sahih Al-Boukhari, Hadith 4697, page 556)
Si tu crois un minimum en Allah et en Son Messager, tu écriras et publieras ces récits.
Réponse : Louange à Allah, que les bénédictions et la paix soient sur Son Messager. Puis : Avant de répondre à ta question, je souhaite indiquer une chose très importante qui est devenue très rare chez ceux qui mènent un débat. Il s’agit de la responsabilité de rapporter la science et les paroles des savants de la même manière qu’ils les ont mentionnées sans la moindre déformation ou changement de leur texte ou sens. C’est pour cela qu’il n’est pas permis de déformer une seule lettre des mots venant des mécréants – au contraire il est obligatoire de les rapporter de la manière qu’ils les ont prononcées ou écrites – alors que dire quand il s’agit des savants partisans de la Sounna parmi les premières générations et ceux qui les ont suivis ?
Je n’ai aucune honte à publier ce que tu as mentionné ci-dessus, mais c’est toi qui devrais avoir honte à cause de ta déformation (in)volontaire des paroles de savants que tu as citées.
Commençons d’abord par le deuxième récit que tu as mentionné d’Ibn Djoubayr qui, selon ce que tu rapportes, dit : « Yad signifie Qouwwah », c’est-à-dire la Puissance. Pourtant, lorsqu’on revient au Sahih Al-Boukhari on voit les choses suivantes :
1. Tu n’as pas été honnête dans la transmission des paroles que tu attribues à Ibn Djoubayr, rahimahoullah. Car il est dit dans le Sahih Al-Boukhari : « Adou wal-Aydou », et non Yad comme tu le prétends.
2. Ces paroles ne sont pas d’Ibn Djoubayr, mais d’Abou Abid, un des Tabiîn, rahimahoullah. Si tu avais un peu parcouru la parole d’Ibn Hadjar sur le récit mentionné à la page suivante, tu l’aurais compris. Tu as pensé que tout ce qu’Al-Boukhari a mentionné dans ce Tafsir étaient les paroles d’Ibn Djubayr, mais ce n’est pas le cas… Regarde Fath Al-Bari, 8/53, récit numéro 4534.
Hafidh Ibn Hadjar dit après cela : « Adou wal Aydou signifie la Puissance – ceci est la parole d’Abou Abid avec laquelle il a expliqué les Paroles du Très-Haut : « …dont la garde ne Lui coûte aucune peine » » (Coran, 2/255). Regarde Fath Al-Bari, 8/53, récit numéro 4534.
Donc, la parole mentionnée n’est pas une parole d’Ibn Djoubayr, rahimahoullah, comme le dit Hafidh Ibn Hadjar. Quant à toi, dans ta volonté de prouver ta prétention que le mot Yad (Main) signifie Qouwwah (Puissance) ou Ni’mah (Bienfait), tu as (in)volontairement menti sur Ibn Djoubayr lui attribuant ces paroles, puis tu as déformé et au lieu de dire Al-Ayd, comme il est rapporté dans Al-Boukhari, tu as écrit Yad.
Il est juste qu’Al-Ayd signifie la puissance, mais le mot Al-Ayd n’est pas ici le pluriel du mot Yad, mais l’infinitif du verbe Ada–Yaîdou, ce qui signifie être fort, solide, lourd. Ce qui indique que le mot Al-Ayd est ici l’infinitif du verbe Ada–Yaîdou, et non le pluriel du mot Yad, sont deux choses :
1. Le fait qu’Abou Abid ait mentionné avant l’infinitif Al-Ayd un autre infinitif ; Al-Ad. Les deux mots représentent l’infinitif du verbe Ada–Yaîdou. Toute personne connaissant la langue arabe sait qu’un verbe dans la langue arabe peut avoir plus d’un infinitif.
2. Ce Tabiîn a dit ces paroles pour commenter les Paroles du Très-Haut : « …dont la garde ne Lui coûte aucune peine » (Coran, 2/255)…
Ensuite, je pose une deuxième question : Où est-ce que le mot Yad (Main) est mentionné ici ? Est-ce que dans ce verset est mentionnée une quelconque main, sans parler de la Main d’Allah ? Est-ce qu’Ibn Djoubayr a dit que la Main d’Allah signifie Puissance ? Apporte un récit authentique d’un compagnon, d’un Tabiîn, d’un Tab-Tabiîn selon lequel quelqu’un parmi eux aurait interprété la Main d’Allah (je dis la Main d’Allah et non le mot main lorsqu’il vient isolé et qui peut à ce moment signifier ce que tu mentionnes) par le Pouvoir d’Allah, la Puissance d’Allah, le Bienfait d’Allah…
Comment se fait-il qu’ils nous n’aient pas expliqués, ainsi que le Prophète, sallallahou alayhi wa sallam, avant eux que lorsqu’Allah dit : « …devant ce que J’ai créé de Mes (deux) Mains… » signifie de Ses deux puissances ? Comment se fait-il qu’ils nous n’aient pas expliqué cela, alors qu’il s’agit chez vous d’une mécréance, car vous dites qu’attribuer la main à Allah est une mécréance ?
Est-ce qu’Allah, Son Messager, sallallahou alayhi wa sallam, les compagnons, les Tabiîn et les Tab-Tabiîn ne nous auraient pas expliqué un sujet si important dans lequel se sont « trompés » même les savants tels qu’Abou Hanifa et d’autres qui ont attribués à Allah l’attribut de la Main, de la manière qui convient au Créateur le Très-Haut ?
C’est à croire que vous ne voyez pas nos paroles : « De la manière qui convient au Créateur le Très-Haut », ce qui indique clairement que nous, ainsi que les savants de la Sounna, attribuons cet Attribut (à Allah, ndt) ainsi que d’autres qui sont mentionnés dans le Livre d’Allah et la Sounna de Son Messager, sans comparer Sa Main avec la main de Ses créatures et sans parler du comment de la Main, car son comment ne nous est pas connu.
Alors, crains Allah, soubhanahou wa ta’ala, et ne déforme pas les paroles des savants et ne les interprète pas de la manière que tu veux les comprendre. Combien sont ceux qui ont pris un avis, puis recherchent n’importe quelles paroles de savants uniquement pour corroborer leurs avis ? Le croyant doit d’abord rechercher les preuves, puis prendre un avis, au lieu de prendre un avis, puis rechercher des preuves déformées afin de corroborer de n’importe quelle manière son avis.
Revenons maintenant au premier récit que tu mentionnes comme étant une preuve ; ce sont les paroles que tu attribues à Abdoullah Ibn Abbas, qu’Allah soit satisfait de lui. Tu dis qu’Ibn Abbas dit que Yad signifie Qouwwah, c’est-à-dire la Puissance.
Tu as de nouveau trahi la responsabilité de la science, car Abdoullah Ibn Abbas ne dit pas Yad, mais Ayd ; et la différence est énorme, car Ayd comme je l’ai mentionné ci-dessus peut être le pluriel du mot Yad (Main), mais peut aussi être l’infinitif du verbe Ada–Yaîdou (être fort, solide)
Regardons ce Tafsir d’Abdoullah Ibn Abbas mentionné par Al-Boukhari dans le livre du Tafsir concernant le commentaire du verset 17 de la Sourate Sad. Le Très-Haut dit : « Endure ce qu’ils disent et rappelle-toi Dawoud, Notre serviteur, doué de force et plein de repentir » (Coran, 38/17)
Le verset, comme tu le vois, ne parle pas du tout de l’Attribut de la Main d’Allah, mais du Messager d’Allah Dawoud, alayhi sallam, et de sa force dans la Religion. Le mot Ayd est ici aussi l’infinitif du verbe Ada–Yaîdou (être solide, fort…)
Nous ne nions pas que le mot yad (main) vienne (puisse venir, ndt) dans la signification de la puissance ; ce n’est pas la peine de nous y convaincre. Mais, nous nions que l’Attribut de la Main que le Très-Haut S’attribue dans Son Livre ou sur la langue de Son Messager se déforme ou s’interprète comme Attribut de la Puissance, du Bienfait ou autre, car les preuves législatives indiquent clairement la fausseté d’une telle interprétation ou pour mieux dire, d’une telle déformation.
Alors, comment comprendre les Paroles du Très-Haut : « Ô Iblis, qui t’a empêché de te prosterner devant ce que j’ai crée de Mes (deux) Mains ? » (Coran, 38/75)
Est-ce que cela signifie qu’Allah a deux puissances ou seulement deux bienfaits… ?!
Il en est de même avec les Paroles du Très-Haut : « Et les juifs disent : « La Main d’Allah est fermée ! » - Que leurs propres mains soient fermées et maudits soient-ils pour l’avoir dit. Au contraire, Ses deux Mains sont largement ouvertes : Il distribue Ses dons comme Il veut » (Coran, 5/64)
Et encore beaucoup d’autres textes légaux que je mentionnerai inshaAllah en grand nombre à une autre occasion.
Ainsi, tu ne trouveras dans aucune version authentique […] qu’Ibn Abbas ou quelqu’un d’autre parmi les compagnons, les Tabiînes ou les Tab-Tabiînes ait dit que Yadoullah (la Main d’Allah) signifie la Puissance d’Allah ou le Bienfait d’Allah ou autre. Ceci indique clairement qu’ils ont accepté les Attributs d’Allah dans leur sens apparent sans la moindre interprétation ; car si c’est comme tu le prétends, alors pourquoi il n’existe aucun récit authentique que quelqu’un parmi ces nobles générations ait interprété cet Attribut et dit que la Main d’Allah signifie puissance, bienfait etc. ?
Lorsque tu – ou n’importe qui d’autre – étudiais la langue arabe, dis-moi : Lorsque tu es arrivé dans le livre de la langue arabe au mot yad (main), est-ce que la première chose que le professeur t’a expliquée était que le mot yad signifie la main, de sorte à te montrer sa main ou le professeur t’a peut-être expliqué que le mot yad signifie la puissance ?! Ce que je veux dire par-là, c’est que la signification principale du mot yad est la main et que toutes les autres significations de ce mot sont métaphoriques […] De ce fait, comment peut-on négliger la signification principale et prendre la signification métaphorique, alors qu’il existe en plus de cela un grand nombre de textes légaux qui indiquent que le mot Yadoullah signifie la Main du Très-Haut qui Lui convient et qui ne ressemble pas à Ses créatures ?
Comment se fait-il que les compagnons, les Tabiînes et les Tab-Tabiînes n’aient pas expliqués aux gens qui acceptaient l’Islam que le mot Yad (Main) mentionné dans le Coran comme Attribut d’Allah ne se comprend pas par sa signification principale, mais par la signification métaphorique ? Comment se fait-il que ces gens n’aient pas expliqués aux étrangers dans la Religion d’Allah la Religion et notamment un des plus importants chapitres, c’est-à-dire le chapitre des Noms et Attributs d’Allah ?
Il reste encore le troisième récit ; le récit de Soufyan Ibn Ouyayna auquel tu attribues aussi que le mot Yad signifie Ni’mah. Il ne reste ici à l’homme plus qu’à dire : « Inna lillahi wa inna ileyhi radjioun ». Si toi qui étudies les sciences islamiques procèdes de cette manière et déformes les paroles des savants, alors que reste-il à ceux qui peut-être t’écoutent ou te suivent ?
Ibn Ouyayna n’a en aucun cas mentionné dans ce récit rapporté par Al-Boukhari que le mot Yad signifie Bienfait. Soufyan, rahimahoullah, a interprété les Paroles du Très-Haut : « Rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous quand Il vous sauva des gens de Pharaon qui vous infligeaient le pire châtiment. Ils massacraient vos fils et laissaient en vie vos filles » (Coran, 14/6). Alors, Soufyan a dit Ni’matoullah, c’est-à-dire Ayadillah (les bienfaits d’Allah).
Je ne répéterai pas les paroles que j’ai mentionné plus haut, car ce que j’ai mentionné auparavant est aussi valable pour ce récit. Personne parmi les trois nobles générations n’a déformé ou interprété l’Attribut de la Main d’Allah comme tu le fais. Le maximum que tu puisses prouver est que le mot yad vienne (puisse venir, ndt) dans la signification de la puissance et du bienfait et nous ne le nions pas, mais nous disons qu’il est impossible et qu’il ne convient pas au Très-haut Créateur de parler de Lui et de Ses Attributs de manière métaphorique.
Allah a rendu la Religion facile et compréhensible, mais les partisans des passions ne veulent que compliquer et rendre les choses difficiles.
Pour terminer, je te conseille de craindre Allah et de ne pas déformer les propos des savants afin de prouver un avis faux que les savants de la Sounna ont rejeté et ont suite à cet avis écrit de nombreux livres.
Je demande à Allah, le Très-Haut, de nous montrer la vérité en tant que telle et qu’Il nous facilite son suivi et de nous montrer le faux en tant que tel et de nous y éloigner.
Wa sallallahou ala Nabiyyina Mouhammad.
Réponse du professeur Abou Oussama Bilibani.
Annexes :
Ndt = Note du traducteur.
Traduit par le frère Abou Ibrahim al Bosnawi.