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Le Minhaj (Voie) de Ahlou Sounna wa-l-Jama'a ce qui veut dire la voie de la Sounna et du Concensus, ou bien le minhaj des Salaf-Sâlih la voie des pieux prédécesseurs, tout cela revient au même c'est la voie à laquelle nous restons ferme, cette voie c'est celle du Prophète sala Allahu alayhi was Salam.

« Epître sur la mise en garde contre les excès dans le takfir »

Beaucoup de gens qui prétendent suivre la voie du messager utilisent la règle mentionné par mohammed ibn 'abdel Wahhab dans la 3eme annulation de l'islam afin de rendre mécréant les musulmans qui ne le méritent pas, et vu que ceci est parmi les choses dangereuses, il est utile je pense de faire un petit rappel à ce sujet.


Cette sentence est devenue chez les adeptes maladifs du takfir un pilier incontournable du Din et ce à tel point qu’ils en sont à qualifier de kâfir toute personne qui ne reconnaît pas le kufr de celui ou celle qu’eux-mêmes considèrent comme impie ! Libre à chacun d’imaginer, à partir de là, jusqu’où peut conduire ce genre de raisonnement hâtif et simpliste….

Certes le takfir est un verdict légal dans la Shari’a, donc utile et nécessaire et n’en déplaise aux pseudo-salafis et autres espèces de laxistes endurcis qui cherchent à reléguer ce « hukm char’i », comme bien d’autre d’ailleurs non conformes à leurs passion, aux oubliettes. Mais de là à consacrer tout son temps, son énergie à polémiquer sur le statut de tel ou tel individu, pour ensuite se mettre à lancer sauvagement et sans retenue l’anathème sur ses opposants…cela ressemble plus à la manifestation de symptômes pathologiques qu’à la recherche de l’application d’un verdict légal appuyé par le Coran, la Sunna et l’Ijma’ !

Ceci dit, ce n’est qu’avec l’Aide d’Allah, que nous tenterons d’éclaircir un des principes du takfir dont font usage de manière immodérée, peu judicieuse, mais surtout non conforme à ce qui plaît au Législateur, une partie de nos frères et sœurs qui ont succombé à l’appel, si j’ose dire, du « fast-takfir », au point de n’en être jamais rassasié ! Qu’Allah par Sa Miséricorde nous en préserve ainsi que de tout égarement.

Nous disons donc, et que l’Agrément d’Allah soit avec nous : tout énoncé, toute condition qui n’est appuyé ni par le Livre d’Allah, ni par la Sunna de Son Messager est invalide ou nul ou si vous préférez à rejeter. A partir de ce credo il nous appartient au préalable d’explorer l’origine, la source, le dalil sur lequel repose le principe « celui qui ne reconnaît pas le kufr du kâfir est lui-même kâfir ». Cela nous aidera alors à le recadrer, à cerner justement ses implications et ses limites.

Ibn taymiya, du fait de son emploi fréquent de cette sentence est encore actuellement considéré par beaucoup de gens comme étant à l’origine de ce principe. Et beaucoup pense encore qu’elle fut reprise alors par Muhammad ibn ‘Abd el Wahhab et les Savants du Najd, qu’Allah leur fasse Miséricorde à tous. Cependant, d’autres Savants plus anciens qu’eux les ont devancés dans la mention de cette « qa’ida » (fondement, base). Citons à titre d’exemple :


-Sofian Ibn ‘Oyaina, Amir el Mouminin dans la science du hadith (mort en 198 h) a dit : « Le Coran est la Parole d’Allah, celui qui prétend qu’il est créé est un kâfir, et quand à celui qui doute seulement du kufr de ce dernier, il est lui-même kâfir »
Rapporté par le fils de l’imam Ahmed Ibn Hanbal, ‘Abd Allah dans l’ouvrage « Es Sunna » n°25 avec une chaîne de transmission authentique.


-Le même dire est attribué à Abou Moç’ab Ibn Sa’id et Moçayfi par le Hafidh Abou el Qasim el Lalka-i ( mort en 418 H ) dans son ouvrage très connu «Charh i’tiqad ahl es sunna wal jama’a » vol.II p256



-Citons également l’exemple de Abou Bakr Ibn ‘Eyach el Mouqri qui, interrogé aussi sur la question du Coran, Parole d’Allah incréée et au sujet de celui qui affirme le contraire. Sa réponse fut : « C’est un kâfir et celui qui ne reconnaît pas que ce dernier est un kâfir est lui-même kâfir ». Voir Es Sunna toujours de El Lalka-i vol.II p 256

-Ibn Hajjar el ‘Asqalani quant à lui, rapporte dans son « tahdhib » que El Bayhaqi a dit : « il m’est parvenu que El Halwani a dit : -Je ne considère pas kâfir celui qui sur la question du coran ne se prononce pas. J’ai (El Bayhaqi est le narrateur) alors interrogé Salama Ibn Chabib ben En Nissâbouri (savant du hadith de la Mecque mort en 247 H ) sur les dires de El Halwani. Il m’a répondu en ces termes : -qu’ils soit jeté aux latrines (traduction littérale de « yourma fil houch »), celui qui ne reconnaît pas le kufr du kâfir est lui-même kâfir » Et tahdhib-Ibn Hajjar el’Asqalani vol.II p 303. A noter que El Khâtib el Baghdadi rapporte la même chose dans « Târikh Bagdad » (l’histoire de Bagdad) vol. VII p365.


-Autre exemple, celui d’Abou Zar’a ‘Obeyd Allah Ibn ‘Abd el Karim er-Razi (mort en 264 H) qui a dit : « Celui qui prétend que le Coran est créé est kâfir et sort de la communauté. Quand à celui qui doute seulement du kufr de ce dernier, il est lui-même kâfir, et ce s’il a eu connaissance du sens exact de cette affirmation. »

En considérant les exemples mentionnés sur l’usage de cette « qa’ida » par certains Savants et qui remontent ici à l’époque des Salafs (trois siècle qui suivirent la mort du Prophète Muhammad ‘alaihi es salat wa es salam), on retiendra qu’elle n’est pas une « invention » récente et qu’on ne peut en attribuer l’origine au Cheikh Ibn Taymya ou au Cheikh Muhammad Ibn ‘abd el Wahhab ainsi que ses « suiveurs » - Qu’Allah leur fasse Miséricorde à tous-.


Nous pouvons mentionner comme dalil (preuves) sur lesquels repose ce principe les versets suivants :

« Et seuls les kâfiroun nient Nos Signes » (29 :47), « Qui est plus injuste que celui qui ment au sujet d’Allah et qui nie la Vérité lorsqu’elle lui parvient ? Mais l’Enfer n’est-il pas le lieu de séjour des mécréants ? » (39 :32)

Ainsi ces versets et tous les autres qui sont de la même teneur, constituent des arguments qui indiquent que quiconque nie une chose établie de manière certaine par la Législation est un kâfir.
Le Qâdhi ‘Ayadh mentionne quant à lui, dans son ouvrage ‘echchifa », la position de certains de ses contemporains qui ne se considéraient pas comme kâfir la majorité du commun peuple comme les femmes, les illettrés et les suiveurs parmi les Juifs et les Chrétiens, du fait de leur ignorance et de leur manque de jugement. En réponse à cela voici ce qu’il dit vol.II 280-281 : « El Ghazali a mentionné dans « et taffarrouqa » un dire proche de celui-ci (susmentionné), mais celui qui soutient cela est kâfir selon l’ijma’ qui stipule qu’est kâfir celui qui ne considère pas les Chrétiens et les Juifs ou quiconque n’est pas Musulman comme un mécréant, ou en vient simplement à en douter ».

Le Qâdhi ajoute ensuite : « car le Consensus reconnaît que les catégories de personnes sus mentionnées sont des kuffars ; celui donc qui le nie, ou en doute rejette alors le Texte ; or le reniement ou le doute vis-à-vis des Textes ne peuvent être l’œuvre que d’un kâfir ». S’appuyant sur ce qui vient d’être cité, nous retiendrons comme définition de ce principe ce qui suit : celui qui ne considère pas comme kâfir toute personne ayant eu connaissance des textes (Coran et Sunna) constituant des preuves indiscutables et exemptes d’ambiguïtés (et qui a nié après cela) est lui-même un kâfir.

Il faut remarquer cependant que l’application du verdict ne peut se faire qu’en l’absence « d’empêchements d’application du verdict¨ » tels que l’ignorance, la contrainte, l’erreur d’interprétation etc., et en présence des conditions nécessaires à l’application du verdict.


Quand à l’individu dont le kufr relève d’une erreur d’interprétation ou d’un ijtihad, ou de l’ignorance des preuves légales (dalil), ou ayant trait à une question particulière nécessitant des éclaircissements (houjja), il est nécessaire de s’abstenir d’accuser d’impiété celui qui ne considère pas ce dernier comme kâfir. Ce principe ne s’appliquant qu’en l’abscence de toute ambiguïté. C’est pour cette raison que l’imam Abou ‘Obaïd el Qâsim Ibn Salâm (mort en 224 H) disait au sujet des jahmya : « Je ne connais pas de personnes plus égarées dans leur kufr qu’eux. Cependant je ne considère que comme ignorant celui qui ne les reconnaît pas impies. »

Abordons maintenant la position du Cheikh Ibn Taymya face à l’usage de la « qa’ida » « man la youkaffirou kâfir… ». Voici ce que nous lisons dans « el fatawi » (vol II p.83) au sujet des adeptes du courant de pensées « el itihadya » dont fut à l’origine Ibn ‘Arabi :

« Celui qui prétend (comme Ibn ‘Arabi et ses suiveurs) que les adorateurs d’idoles sombreraient dans l’ignorance s’ils abandonnaient leurs idoles, est encore plus impie que les Juifs et les Chrétiens. Et par conséquent, celui qui ne considère pas comme impie l’auteur d’une telle affirmation est lui-même plus kâfir qu’un Juif ou un Chrétien car ces derniers reconnaissent au moins que les idolâtres sont des mécréants. »

Ibn Taymya n’est évidemment pas le seul à s’être prononcé sur les déviances d’Ibn ‘Arabi, mais lui ayant consacré dans « majmou’at el fatawi » nombreuses pages dans lesquelles il dévoile ses égarements et les réfute il passe pour être un de ses plus farouches adversaires. Ce qui est d’ailleurs tout à son honneur car lorsque l’on se penche un moment sur les affirmations de Ibn ‘Arabi, le Croyant ne peut être que choqué par les énormités de kufr évident dont s’est rendu coupable ce dernier.

A titre indicatif, citons quelques dires d’Ibn Taymya dans « el fatawi » (vol II p.86) : « Et c’est pour cela qu’ils (adeptes de Ibn ‘Arabi) affirment qu’Allah –‘azza wa jalla- est toute chose existante. Les idoles sont donc une partie d’Allah, celui donc qui abandonne l’adoration des idoles, abandonne alors une partie de la Vérité, et de l’adoration d’Allah… »
Concernant toujours le cas de Ibn ‘Arabi, Ibn el Mouqri dit dans son ouvrage « er rawdh » : « Celui qui hésite à appliquer sur les juifs, les chrétiens, Ibn ‘Arabi et ses adeptes le verdict du takfir, est lui-même un kâfir. »

Mais il faut remarquer que l’application du principe « man la youkaffirou kâfir… » par les savants concerne le cas de ceux qui doutent sur le kufr de Ibn ‘Arabi et ses adeptes qui sont eux auteurs de blasphèmes évidents que ne peut nier seul celui qui est leur semblable. Ibn Taymiya dit dans « majmou’ el fatawi » : « …et je n’ai mentionné ici qu’un dixième du kufr dont ils ( Ibn ‘Arabi, Ibn Sab’in, et Tlemceni…) se sont rendus coupable ». Et cependant le Cheikh n’omet pas de mentionner après avoir répertorié tous les dires de Ibn ‘Arabi ce qui suit concernant le verdict de ce dernier : « …tous ces dires sont ceux de ‘Ibn ‘Arabi dans ‘el fouçous’ et Allah sait sur quelles croyances s’est terminé la vie de ce dernier. » (majmou’ el fatawi II p 284). Il faut noter la retenue du Cheikh el Islam à l’égard du takfir, en l’absence de certitude et dans le cas de l’ignorance concernant la croyance au moment de la mort.

Il nous semble nécessaire de citer d’autre passages de « majmou’at el fatawi » cette œuvre monumentale du Cheikh, concernant le principe « man la youkaffirou kâfir… ». Dans le volume II p.86 Ibn Taymiya-qu’Allah lui fasse miséricorde- dit :
« De ce fait, ils (adeptes de Ibn ‘Arabi) approuvent la position des chrétiens et des juifs dans ce qu’ils affirment de la divinité de Jésus et de ‘Uzair pour les juifs, et ils les considèrent comme étant dans le vrai, de même que les idolâtres, alors que cela fait partie du plus grand kufr (c à d : le fait de considérer les chrétiens, les juifs et les idolâtres comme bien guidés). En ce qui concerne la personne qui serait encore dans le doute vis-à-vis des membres de cette secte égarée, et qui prétendrait ignorer leurs blasphèmes, il est nécessaire de les éclairer sur leur situation véritable. Si après cela (après avoir été mis au fait des positions des adeptes de el itihadya, et de wahdat el oujoud) ces personnes ne manifestent pas leur désaveu à l’égard de ces innovateurs, ils rejoignent alors leur camp (c à d : ils deviennent eux-mêmes kuffars). Quant à celui qui oserait prétendre que les affirmations de Ibn ‘Arabi et ses suiveurs sont sujettes à des interprétations (tâ-will) conformes à la chari’a, il ne peut s’agir que d’un meneur ou d’un imam de cette secte, car soit il se ment à lui-même en affirmant une telle chose, ou s’il y croit vraiment il est plus impie qu’un chrétien ».
Autre citation du Cheikh qui nous semble utile de rapporter pour fournir au lecteur d’autres éclaircissements quant à la manière dont Ibn Taymiya faisait usage de la qa’ida :

« Les dires de ces derniers (il s’agit toujours de Ibn ‘Arabi et ses disciples) sont pires que ceux des chrétiens, et ils renferment autant de contradictions que ceux des chrétiens. Ainsi concernant l’essence divine ils évoquent parfois l’incarnation (à la manière des chrétiens qui disent que Jésus est l’incarnation de Dieu sur Terre), et d’autres fois la communion (du divin et de l’humain comme chez certains autres chrétiens), ou encore de l’unitarisme (dans lequel le divin et tout ce qui est créé ne sont qu’un). C’est donc une doctrine sujette à la contradiction, ce qui explique qu’ils cherchent à la travestir à ceux qui ne comprennent pas. Tout ceci n’est que kufr selon le consensus approuvé par tous les Musulmans, et celui qui doute seulement de cela après avoir eut connaissance de cette doctrine et de celle de l’islam est un kâfir, de même qu’est kâfir celui qui doute du kufr des juifs, des chrétiens et des idolâtres. » (majmou’at el fatawi vol.II p.223)

A partir des citations susmentionnées du Cheikh el Islam Ibn Taymiya nous pouvons retenir ce qui suit :

-Le Cheikh fait mention de la qa’ida ‘man la youkkafirr kafir…’ lorsqu’il s’agit d’un kufr apparent reconnu par un ijma’ (consensus) de la Umma, comme celui des adeptes de Ibn ‘Arabi auquel font références les citations ci-dessus et qui à elle seules montrent la gravité du kufr dans lequel avaient sombré ces derniers.


-Le Cheikh, malgré les énormités déclarées par les membres de la secte wahdat el oujoud, et el itihadya, et malgré avoir affirmé lui-même que le kufr de ces derniers est pire que celui des juifs et des chrétiens, ne considère comme impie celui qui doute de la mécréance de ces égarés
qu’après que celui-ci ait connaissance des tenants et aboutissants de la doctrine.
Et ceci rejoint la position des Cheikhs Abou Za’ra et Abou Hatim lorsqu’ils ont affirmé au sujet de celui qui doute du kufr des Jahmya (secte ayant soutenu que le Coran est la Parole créée d’Allah), qu’il était lui-même kâfir à condition qu’il ait connaissance de leur kufr. Sont donc à l’abri de ce verdict d’après ce qui vient d’être énoncé, les nouveaux convertis et ceux qui sont excusés du fait de leur ignorance.


Dans ce qui vient d’être mentionné, se trouve un exposé clair montrant que l’application du principe que nous discutons ici, ne se fait qu’en présence
d’un kufr évident, et après que les individus concernés aient été informés. Car seul peut tomber sous le coup de ce verdict, celui qui rejette un Texte authentique d’argumentation décisive. Le fait qu’un individu ignore la position de l’Islam sur une question donnée, et qu’il ignore en outre, ou ne comprenne pas exactement les implications de certaines assertions le met à l’abri du verdict de kufr du fait de ces deux « ignorances » : l’ignorance de l’islam, et celle de la situation courante (el wâqi’).


On retrouve la même approche dans la fatwa d’Ibn Taymiya concernant les Tartars (Monghols) :
« Louanges à Allah Seigneurs des Mondes, oui il est nécessaire de combattre ces hommes selon le Livre d’Allah, la Sunna de Son Messager, et selon l’opinion des Savants de la Umma. Et cette décision repose sur deux fondements :
1-La connaissance de la situation des Tatars
2-La connaissance du verdict divin s’appliquant à eux.
»

En plus des deux conditions qui viennent d’être citées et qui sont nécessaires à l’application du verdict lié à la ‘qa’ida’, nous tenons à faire remarquer que dans tous les exemples, les savants la mentionne de manière globale, comme une règle générale. Ceci implique que lors de l’application de cette règle sur une personne
il devient obligatoire de s’assurer de la présence des conditions du takfir (chourout et takfir) et de l’absence d’empêchements du takfir (mawâni’out takfir). Il s’agit donc de faire une distinction entre le kufr global (el moutlaq) et le kufr individuel (el mou’ayin) ainsi que le fait remarquer Ibn Taymiya dans el fatawi lorsqu’il dit :
« …lorsqu’ils (c-à-d les savants) disent –celui qui dit ceci est kâfir- la majorité des gens pensent que toute personne sans exception est visée par la règle, sans considérer le fait que le takfir a des chourout, des mawâni’ qui doivent être étudiés lorsqu’il s’applique à un individu, et que le kufr el moutlaq n’implique pas forcément le kufr el mou’ayin. »

A partir de ce qui vient d’être établi comme règles et conditions sur l’application de la qa’ida ‘man la youkaffirou kâfir…’,
il paraît clair qu’on ne peut en s’appuyant sur cette dernière, jeter l’anathème sur celui qui ne considère pas comme impie la personne qui par exemple abandonne la salat. Ceci du fait qu’il existe des références qu’il considère comme des mawani’. Ainsi il est établi que de grands Imams tels que Ech Chafi’i et Mâlik ne considéraient pas l’abandon de la salât comme du kufr, alors que c’était le cas d’autres Imams non moins connus tels que Ahmed Ibn Hanbal, ‘Abd Allah Ibn el Moubarak ou Ishaq Ibn Rahouwah (un des Cheikhs de Bokhari). Cependant, jamais il n’a été relaté que ces derniers aient qualifié les premiers de kuffars en vertu de la règle ‘man la youkaffirou kâfir ! Et il en fut ainsi pour l’ensemble de leurs divergences. Nous pourrions également mentionner la divergence qui apparut parmi les Compagnons (radhia llahu ‘anhum) concernant le statut de ceux qui après la mort du Prophète refusèrent de s’acquitter de la zakat, et remarquer notamment qu’Abu Bakr Es Saddiq n’a jamais appliqué ce principe sur aucun des Compagnons qui au début ont refusé de combattre les ‘mâni’i ez zakat (ceux qui ne sont pas acquitté de la zakat). Et nous savons tous qu’Abu Bakr les a combattus en tant qu’apostats, donc kuffars, et non simplement en tant que transgresseurs (boghât). Dans le même ordre d’idées, Nous citerons le cas du Calife El Hajjaj Ibn Youssouf qui gouverna du vivant d’un grand nombre de salafs (suiveurs des Compagnons notamment). La majorité de ces derniers le considéraient, malgré tous ses égarements et ses injustices, comme un Musulman et ne s’interdisaient pas de prier derrière lui. Cependant que certains autres Tâbi’oun le considéraient comme un kâfir, ce fut le cas, entre autre de Sa’id Ibn Joubir à qui on demanda : « -Comment ! Tu t’es soustrait à la tutelle de Houjjaj ?! Il répondit : -Certes, et je ne l’ai cependant fait que parce qu’il est un kâfir. » . Moujahed, l’élève en tafsir d’Ibn ‘Abbas, comptait aussi parmi ceux qui ne doutaient pas du kufr de El Hajjaj Ibn Youssouf et il l’appelait même le « Cheikh kâfir ». Ibn ‘Asâkir rapporte de El Cho’bi : « El Houjjaj croit en le Jibt (faux dieu, idole, devin, sorcier) et le Taghout et est mécréant vis-à-vis d’Allah ». Malgré ces divergences connues au sujet de El Hajjaj, jamais les Salafs ne se sont jetés l’anathème, s’accusant mutuellement de kufr au nom du principe ‘man la youkaffirou kâfir fahowa kâfir.
Il est même rapporté du Tabi’i Et Ta-ouss selon une chaîne de transmission authentique ce dire : « Quel étonnement d’entendre nos frères d’Irak qualifier le Hajjaj de croyant. »

Il existe d’autres nombreux exemples sur lesquels les salafs et les Savants ont divergé comme le kufr de certaines sectes de l’islam telles que les ‘khawarij’, les ‘qadarya’ ou les ‘jahmya’. Cependant, ces divergences n’ont jamais conduit les partisans de chaque tendance parmi les Savants à appliquer le verdict du takfir sur ses opposants comme le font les ghoulats, de nos jours, sans retenue et sans prendre en considération les règles élémentaires du takfir.


D’après les dires du Cheikh El Islam, contenus dans ‘majmou’at el fatawi’ au sujet des différentes approches qu’une personne peut avoir face aux sources et qui ont un lien direct avec l’application du verdict du takfir, nous retiendrons cinq cas :

1-Lorsque certaines sources s’opposent conduisant ainsi à plusieurs interprétations différentes.

2-Lorsque
certaines sources ne sont pas parvenues à une personne et qu’elles lui sont inconnues du fait par exemple de sa conversion récente, ou du fait de son éloignement des hommes de sciences

3- Lorsque
certaines sources sont connues, mais considérées par la personne, comme non valables du point de vue de leur authenticité.

4-Lorsque la personne
n’est pas en mesure de comprendre les sources correctement du fait de la difficulté de certains textes, ou de l’incapacité de la personne d’en cerner le sens exact.

5-
L’existence d’ambiguïtés répandues (choubouhât) autour de la personne qui le plonge dans le doute, voir vers une fausse approche, et qui le rendent alors excusable.

Voici maintenant les passages de ‘majmou’ât el fatawi’ dans lesquels Ibn Taymiya fait allusion à ces différents cas :

« Ainsi il existe des dires par lesquels l’homme sort de l’Islam, et qui sont cependant dus au fait que les Textes ne lui soient pas parvenus l’empêchant alors d’accéder à la vérité. Il est aussi possible que ces dites sources soient présentent chez lui mais qu’il juge leur authenticité discutable, ou encore qu’il ne possède pas les ‘outils’ nécessaires à leur juste compréhension. Et enfin il se peut aussi qu’il ait été soumis à une controverse (ambiguïté) pour laquelle il est excusable auprès d’Allah. Celui donc qui compte parmi les croyants et qui par souci de la recherche de la vérité se trompe, sera certes pardonné par Allah, quel qu’il soit […]. » (vol.23 p.195/196)


« Le takfir est un verdict qui contient la menace de châtiment. Si quelqu’un vient à rejeter un dire du Prophète, établi, il est possible qu’il le fasse du fait de sa conversion récente, ou qu’il vive dans un endroit éloigné de tout savoir. Celui dont la situation relève de ces cas, ne peut être considéré comme impie, à cause de son reniement des textes, jusqu’à ce que la preuve (el houjja) lui soit présentée. Et quand bien même les sources seraient connues de lui, il se peut qu’il les rejette les jugeant douteuses quant à leur authenticité, ou leur opposant d’autres sources pouvant conduire à une interprétation différente même si elle est fausse. » (vol.III p.148)

Ce qui doit être retenu est le fait qu’on ne peut qualifier de kâfir celui qui rejette un Texte s’il le fait et qu’il se trouve dans l’un des cinq cas mentionnés ci-dessus. S’il en est ainsi de celui qui rejette un Texte il est à exclure, de facto, d’appliquer ce même verdict à celui qui ne considère pas ce dernier comme kâfir ou qui doute de sa mécréance. A partir de là, il apparaît encore bien plus évident qu’on ne doit en aucun cas considérer comme kâfir un individu qui ne qualifie pas d’impie celui qui est considéré comme tel par certaines autres personnes etc…


Dans el fatawi d’Ibn Taymya (vol 35 p.79),
ce dernier mentionne les ‘Obaydyin (dynastie fatimide qui régna en Egypte, innovateurs, apostats à l’origine de la secte druze). Il dit à leur sujet ce qui suit :

« Ces derniers (les ‘Obaydiyin) sont l’objet d’un témoignage unanime de la part des Savants de la Umma, qui les ont qualifiés d’hypocrites, apostats qui malgré leurs apparences de musulmans sont des kuffars. […] Celui donc qui affirmerait que les ‘Obaydyin sont croyants, est un ignorant. », à remarquer que le Cheikh a
dit ici ignorant et non pas kâfir. Prenons donc exemple dans ce domaine sur les gens de science et comme eux faisons preuve de retenue et de sagesse et surtout tenons-nous en au strict respect des Textes afin de ne pas sombrer dans ce qui peut avoir pour notre foi et notre vie future de fâcheuses conséquences.

Et Allah est Le Plus Savant.


Source : Le livre de Cheykh Maqdissiالرسالة الثلاثينية في التحذير من الغلو في التكفير , Athalathiniya fi tahdhir min ghoulou fi tekfir, chapitre 11 http://www.tawhed.ws/a?a=2qrikosd
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